Les gestes de la FED et ses effets : simple retour au calme ou premières étapes de sécurisation ?
Depuis quelques jours, la Banque Centrale américaine (FED ou réserve fédérale) est venue à la rescousse du marché interbancaire et hier a décidé de baisser son taux d'escompte à destination des banques commerciales, les effets de la crise du crédit l'interpellant sur les risques à venir pour l'économie sur le terrain. Les dominos continuent à tomber mais ils ne tombent plus en ligne droite, les flux de type 'vases communiquants' entre les différents actifs financiers commençant à opérer de façon très nette à l'image de ce que nous avons vu ensemble jeudi avec le yen carry trade, voyons tout d'abord les effets concrets globaux bancaires et financiers de la mesure puis en détail une banque en particulier au coeur de la crise :
----> Comme nous l'avons vu hier sur l'annonce de la nouvelle le CAC 40 a augmenté fortement avant de rebaisser ensuite en raison de la baisse de l'indice de confiance du consommateur, le même scénario se vérifiant sur d'autres indices mais une différence est apparue. En comparant 2 indices sectoriels que nous avons déjà vu ensemble : celui des banques BKX et celui des financières XLF (assurances etc...)
...on s'aperçoit que le mouvement de fonds est le même avec une cassure du support moyen terme de 18 mois qui montre cet été le revirement de tendance profond dans le secteur et à court terme la volonté de tenter un rebond via une figure de retournement en W qui reste encore largement à valider --> cf.Apprendre la bourse en temps réel : le double Top ou double sommet (Partie 1)
Le rebond évoqué avant hier sur les financières et les bancaires est patent sur les graphes en dépit des débouclages sur les devises mais la différence intervient vendredi après-midi avec une insensibilité des banques à la mauvaise nouvelle (graphe 1) sur la confiance des consommateurs alors que les financières ont replongé à mi-chemin de leur hausse initiale due à la FEd (graphe 2)
Pas de doute, la Fed semble avoir visé juste et les investisseurs ont perçu le message, les mouvements désordonnés et le sentiment que 'le bébé est jeté parfois avec l'eau du bain' n'est ici pas présent montrant à nouveau que la sélectivité des marchés à ce type de nouvelles est toujours bien là. Point positif donc. Après avoir tenté de calmer les marchés avec des injections de liquidités, la FED vise directement les banques et semble avoir réussi à court terme mais elle a du tirer une cartouche de plus et installe dans la durée ses mesures exceptionnelles. L'hypothèse de travail est ici donc l'espoir de voir les banques ramener l'ensemble de la cote dans une configuration plus saine et moins propice au doute. Certes, le but de la FEd ne s'exprime pas en terme de niveau du Dow Jones mais c'est un indicateur mondial tel que sa stabilisation en période de défiance peut être essentielle, d'où l'intérêt dorénavant de suivre ce couple banques / financières pour voir si la tentative positive s'étend.
Si la stabilité n'est pas revenue sur les marchés concernant les banques, comment voulez vous que sur le terrain les choses se passent bien notamment pour la consommation et le sentiment économique général ?
En cas de défaite de la tentative, la FED est susceptible de passer au cran supérieur à savoir la baisse sur les taux directeurs accessibles à tout le monde pour tenter de relancer la machine. C'est positif mais aussi très clair que ce n'est pas la consommation qui va ramener le calme sur les bancaires mais les bancaires qui peuvent ramener le calme notamment pour continuer à alimenter l'économie.
---> Examinons maintenant une autre approche à l'inverse en partant du terrain et en remontant vers le haut :
Le los angeles times ainsi que d'autres sources ont fait part ces derniers temps de particuliers souhaitant retirer l'argent de banques prises dans les soucis immobiliers de type subprime. Jusqu'ici quelques fonds étaient touchés et l'instabilité visait surtout des personnes endettées en prise avec un prêteur en faillite et qui du jour au lendemain du fait de la cession du portefeuille de prêts à un organisme repreneur se retrouvait confronté à un banquier qu'il ne connaissait donc pas au départ. Ici les faits de retraits concernent le N°1 du prêt immobilier, Country wide financial, une des banques prestigieuses aux USA qui fait face à des retraits de cash de la part de certains clients. C'est encore limité et dans un calme de salle d'attente très policée mais le mouvement est là.
Certes, les dépôts sont assurés via le programme fédéral Federal Deposit Insurance Corp qui couvre en cas de faillite jusqu'à 100 000 $ par compte et jusqu'à 1 million de $ pour une famille avec plusieurs références de compte.
Toutefois, sans créer de liens de causes à effets que nul ne saurait réellement recouper, il est étonnant de noter que la décision de la FEd de ne viser qu'exclusivement les banques intervient au moment même où cet emprûnteur mobilise une ligne de crédit de 11 milliards via un prêt syndiqué (c'est à dire fait en pool ou réalisé par plusieurs banques, ici elles sont 40), et 'mobilisé' signifiant que le crédit était accordé mais non utilisé et qu'il vient de l'être pour faire face à des besoins, la bourse sanctionnant d'ailleurs l'action et un grand courtier MErrill Lynch étant passé de 'achat' à 'vente' sur le titre.
Le taux d'escompte étant supérieur au taux des fonds fédéraux réglant le marché monétaire (marché de l'argent circulant entre banques) pour donner un accès direct aux financements de la FEd aux banques en difficulté, on peut se demander si le geste n'est pas plus préventif que curatif face à une éventualité de voir une grande banque ne plus trouver de contrepartie pour ses opérations auprès de ses consoeurs sur le marché monétaire habituel. S'agissant d'une des toutes premières références aux Etats-Unis et touchant à la crédibilité même du système, on imagine le souci d'un "squeeze" de financement pour ce type d'intervenants. Ce peut être aussi la volonté de la FEd de mettre sur le banc d'éventuels intervenants en difficulté pour ne pas éclabousser l'ensemble du jeu. 130 institutions financières de petites ou moyennes tailles spécialisées dans le subprime ayant déjà fait faillite, une dizaine en plus ou en moins de change rien, ici le symbole n'est plus le même.
Bref, le geste est positif et reste à confirmer mais installe le mouvement dans la durée, on le savait, est-ce l'aveu d'éléments plus profonds ? ...sans préjuger restons éveillés.