La Banque d'Angleterre et la confiance du consommateur US adoucissent une note salée sur les financières
**** Brossons un tableau de la situation pour voir ce qu'il en est et éviter les 'raccourcis', les amalgames, les visions catastrophistes ou les simples voeux pieux du type 'ça va s'arranger" :
Northern Rock n'est pas soumise à une perte sur les subprime et ne porte pas en son sein des titres adossés à ce type de prêts ni n'a accordé de prêt en dehors de son territoire à quelques américains sans tenir compte de quelques régles de prudence, du moins ce n'est pas le souci de fond ni du jour. En fait, cette banque qui a une base de clientèle assez faible ne lui permettant pas d'avoir suffisamment de ressources (comprendre de dépôts d'épargnants) pour réaliser son activité de prêt est obligée comme beaucoup d'autres d'aller sur le marché monétaire interbancaire emprunter ces fonds à ses consoeurs pour les redistribuer ensuite. Suivant leur structure d'activités les banques sont ainsi fondamentalement prêteuses ou bien emprunteuses sur ce marché. Une des autres sources de financement de Northern Rock se trouve dans la titrisation avec la revente sur les marchés financiers des prêts immobiliers consentis lui permettant d'en réaliser d'autres et ainsi de suite...
Le problème des subprime ayant jeté la défiance sur ce type d'opérations, cette banque anglaise n'a plus la faculté de trouver des ressources suffisantes par ce biais et se trouve donc être plus largement dépendante des dépôts de ses clients et du marché monétaire, ce qui l'a obligé à réduire les mises à disposition de prêts pour sa clientèle et donc à réduire son activité... donc ses bénéfices... amenant la bourse à faire dévisser le titre de - 31,46 % ce soir à Londres et obligeant le gouvernement à autoriser la BoE à se porter apporteuse de fonds de dernier recours pour cette entité, la défiance de ses consoeurs ayant grandi à son égard.
Voilà comment indirectement et sans être prise dans des prêts litigieux aux USA la 8 ème banque anglaise cotée en bourse et 1er émetteur de crédits immobiliers sur le 1er semestre 2007 a nécessité une action tout à fait exceptionnelle, amenant d'ailleurs certains épargnants (dans le calme) à venir retirer leurs écononmies à ses guichets.
Vous comprendrez dès lors qu'en parallèle du système bancaire classique, les titrisations, hedge funds, effets de levier etc.. (cf. Articles dans la catégorie 'se former') sont autant d'éléments qui permettent à la finance de trouver des ressources qui sont moins réglementées mais qui sont vitales au système actuel autant qu'ils sont difficilement chiffrables et mesurables dans leurs conséquences. L'externalisation et la vente des risques de toute sorte sur les marchés financiers pour sortir du bilan des banques des engagements et donc permettant d'augmenter l'activité et les profits de ces dernières années est entrain de connaître un effet boomerang tout à fait significatif, des impayés pouvant geler des segments de marché entiers ramenant le risque sur les marchés monétaires réglementés classiques.
Concomitamment, dans la zone euro, l'excès (oui l'excès) de liquidités (compte tenu de l'apport exceptionnel de 75 MDs $ décrit ces derniers jours) sur le marché monétaire aura amené les taux à descendre à moins de 4 % (taux directeurs de la BCE) vers 3,70/3,85 %, les opérateurs cherchant à se défaire de ce trop-plein et parlant même d'engorgement.
Instabilité encore et toujours ... d'un point de vue purement financier et surtout monétaire. Ces mots sont importants et ne recouvrent pas les mêmes choses ni n'ont les mêmes conséquences potentielles que les éléments économiques qui sont venus en fait rassurer les opérateurs des marchés actions avec des stats du jour disons en demi-teinte mais rassurantes concernant la confiance des consommateurs - voir ci-après. Reprenons donc tout ces termes : prises entre des éléments bancaires, financiers, monétaires dégradés, les bourses ont ainsi été rassurées par les éléments économiques.
Il est ainsi dans l'histoire des crises financières qui sont assez différentes des crises économiques classiques mais qui peuvent les engendrer. Nous en reparlerons. Mais voir des américains retirer leurs avoirs (en bon ordre il y a quelques semaines) de Country Wide Financial et des anglais faire la queue aux guichets de Northern Rock alors que la FSA, l'autorité des services financiers britanniques voit en elle aucun problème quant à sa structure financière (fonds propres largement suffisants) ni dans ses encours (prêts sains) - et pour cause le souci venant des financements rétrocédés au marché ces dernières années - fait entrer les problèmes actuels dans la typologie des crises financières avant tout, cet élément d'analyse ayant par ailleurs été noté par l'ancien patron de la Fed, Alan Greenspan qui voit dans la période actuelle des éléments rappelant 1987 mais aussi les paniques et les faillites du XIX ème siècle et notamment celle de 1907 (source : Le Monde)
Le mouvement des épargnants en est la clef et la validation de bon sens... en dépit du sauvetage par la Banque d'Angleterre et de dépôts assurés par ailleurs conformément à la législation. Tout tout petit début ...mais début tout de même de ce type de crise. On constate d'ailleurs que si un des fondements premiers de la création des banques centrales réside dans la volonté d'éviter des faillites et des paniques, cette mission historique est ici très bien assurée pour l'heure. (Photo ci-contre issue de business.timesonline.co.uk avec accès à l'article en cliquant dessus)
** Les statistiques du jour aux USA :
- les prix à l'importation ont baissé de - 0,3 % contre +0,3 % attendu en août inversant la tendance à la dégradation depuis 6 mois notamment grâce au repli du pétrole (reparti depuis à la hausse) portant la progression annuelle à + 1,9 % contre + 3,6 % pour les exportations et "tordant un peu le coup" à l'idée d'une inflation importée en provenance de Chine notamment qui connaît des taux (+ 6 % environ) en élévation ces derniers temps.
- les ventes de détail ont augmenté de + 0,3% en août contre + 0,5 % attendu et également le chiffre de progression constatée en juillet.
- la production industrielle a progressé de + 0,2 % en août contre +0,3 % attendu mais le chiffre de juillet a été revu de + 0,3 à + 0,5 % et la hausse sur un an s'établit à + 1,7 %.
Le CAC 40 clôture en baisse de - 0,49 % à 5538,92, le Dow Jones cherchant l'équilibre à 13410 points. D'autres articles sont à suivre ce week-end mais les analyses techniques ne seront remises à jour qu'après mardi, celles-ci étant toujours d'actualité, soit après que nous ayons pris connaissance de la décision de la banque centrale américaine quant à sa politique de taux. Tous les yeux de la planète finance sont rivés dessus.