Actualité - Bourse - Finance - Economie : Taux d'intérêts - Les banques centrales marchent sur des oeufs -
Les banques centrales ont a gérer la monnaie de leur pays de façon à favoriser une croissance sans (trop) d'inflation. A plusieurs reprises ont a vu que baisser les taux d'intérêts permettait de relancer la croissance et en les augmentant de freiner celle-ci et de minorer l'inflation qui en résulte. Par ailleurs, dans l'article "taux d'intérêt et devises" nous avons vu que le différentiel de taux d'intérêt pour chaque devise influençait l'attractivité de celles-ci comparativement à d'autres. Ce qui s'est passé ces 3 deniers jours sur les marchés des changes et sur les bourses, surtout hier, n'est rien d'autre qu'un des effets des différentiels existants entre les taux d'inflation, les taux de croissance et les taux d'intérêts des différentes grandes zones économiques.
La situation :
- USA : ralentissement de la croissance suite aux hausses de taux d'intérêts qui ont calmé notamment le marché immobilier et qui visent à contenir l'inflation. Les baisses de taux depuis 2001 qui ont vu ceux-ci baissé jusqu'à 1 % (record depuis 1945) avaient été réalisées pour contrer le KRACH rampant des années 2000-02. La hausse des taux d'intérêt depuis 2004 positionnés à ce jour à 5,25 % ont soutenu le dollar et son attractivité.
- Japon : en pleine déflation depuis 1990 notamment à cause d'une bulle immobilière sans précédent et de créances douteuses énormes au sein des banques résultant d'un développement trop rapide et mal maîtrisé, les taux étaient descendus jusqu'à 0 % pour contrer cette tendance. Actuellement ils sont à 0,25 %.
- Zone euro : la baisse des taux d'intérêts s'est faite comme aux USA mais le minimum atteint fût de 2 % pour amoindrir le Krach rampant. Actuellement relevés à 3,25 %, la hausse n'a pas suivi celles des USA en raison d'une croissance et d'une inflation moins forte.
Les perspectives et les anticipations sur ces bases :
- USA : Tant que la croissance ralenti, l'inflation restera sous contôle et les taux d'intérêts resteront stables.
- Europe : La hausse des taux devraient se poursuivre dans le sens d'une normalisation de ceux-ci, 3,25 % étant un peu trop accomodant encore.
- Japon : la normalisation est ici encore largement à venir, la base de départ étant très bassse.
Les conséquences générales :
Structurellement, l'euro et le yen vont avoir une tendance à la hausse tant que le "biais" (= la tendance) de leur banque centrale est à la hausse, l'attractivité de placer en yen ou en euro se renforçant.
La situation la moins favorable est pour les USA : si la croissance baisse trop, les baisses de taux d'intérêts (nécessaires à la relance économique) vont peser sur le dollar en tendance. Si les taux devaient encore augmenter pour contrer une inflation ou une hausse nouvelle du pétrole, c'est l'immobilier et la consommation qui pourraient être touchés et donc finalement la croissance ramenant à une baisse des taux éventuelle ultérieurement. Le statu quo face aux hausses des autres zones réduit quoiqu'il en soit le différentiel de rémunération euro/dollar ou dollar/yen.
Les incidences concrètes :
Les liquidités à placer vont se porter sur le yen et l'euro affaiblissant le dollar. Enfin et sans doute plus important, les opérations de "carry trade" permettant d'emprûnter dans une devises à faible taux et de replacer dans une devises offrant un taux supérieur deviennent dans ce contexte moins intéressantes et plus risquées car il faut se couvrir sur les variations de change.
Il y a bien sûr d'autres éléments influençant tout ceci, nous les aborderons (notamment les flux commerciaux), mais sur ces bases on voit clairement que le travail le plus "fin" à réaliser est à la charge de la Banque Centrale Américaine qui joue sur des oeufs de plus en plus d'autant qu'elle est la plus "regardée" dans ses décisions.
En économie et qui plus est en Finance, il n'y a jamais que des "plus" d'un côté et des "moins" de l'autre mais des déséquilibres qui se forment et se déforment et qui s'auto-équilibrent dans une mouvance perpétuelle de rapports de force et d'offre et demande. Ainsi, si l'euro devait s'apprécier mettant à mal la compétitivité de certaines entreprises, l'histoire allemande montre notamment qu'une devise forte amène en s'y adaptant à plus d'innovations, de qualité et finalement de richesses. Par ailleurs, les importations étant moins chères, le niveau d'inflation se réduit et les hausses de taux d'intérêts sont moins nécessaires ce qui conforte la croissance interne.
Les bourses étant suspendues aux lèvres et aux dires de la FED américaine qui ayant laissé ses taux inchangés depuis Août a favorisé la hausse actuelle, il n'en reste pas moins que les mouvements sur les devises montrent que le marché ne se satisfait pas forcément de ce statu quo sur les taux. Les réalités économiques des pays ne transparaissant pas forcément dans les indices boursiers (principalement des entreprises multi-zones) ni dans les décisions des banques centrales (quelques décisionnaires politiques ou indépendants), celles-ci refont surface par le biais du marché des changes qui nous a fait quelques rappels pas forcément inutiles surtout vendredi.