A qui profite la baisse de ces 10 derniers jours ?

Publié le par Gilles Caye

On a habituellement peu de temps entre le suivi de l'actualité, la lecture des courbes, la parution des statistiques et des résultats de sociétés de spéculer verbalement, d'ailleurs si on a une chance sur 2 de se tromper sur une hausse ou sur une baisse les scénarios et les anticipations ont ceci en commun d'être toujours à coté de la plaque pour une part plus ou moins importante. Depuis que je vous dis telle stat était attendue à X ou Y, combien ont rencontré l'anticipation depuis le lancement de ce blog ? Ceci est le monde de la finance, il fonctionne ainsi, et d'ailleurs personne n'est vraiment en cause car ces X% de ceci attendu ou ces Y  $ ne sont que la moyenne d'anticipations d'économistes et ne représentent donc la prévision de personne. Tout le monde est toujours 'sauf' en la matière mais chacun comptabilise ses gains ou ses pertes puis invariablement  repart anticiper les résultats, les taux d'inflation et toutes données que nous voyons là. Actuellement pourtant une petite spéculation verbale semble pouvoir avoir une résonnance en terme sonnants et trébuchants.

A ne pas s'embarrasser de scénarios personnels mais à écouter ceux des autres, nous arrivons peu à peu à voir depuis quelques jours que les probabilités d'avoir un ralentissement un peu plus dur augmentent. La question 'faible ou fort ralentissement ?' est un peu plus remplacée par 'quand celui-ci aura-t-il lieu ?' marquant de facto que beaucoup on adopté en arrière plan le scénario disons 'ralentissement modéré mais plus qu'escompté'.

Encore une fois je ne donne pas un avis sur ce qu'il convient de penser ou de ce que fera l'économie mais de l'inclinaison des anticipations qui a variée. Nous troquons donc une anticipation qui peut nous mettre mal à l'aise avec une information à un instant t et pour laquelle nous n'avons aucun engagement moral ou émotionnel nous permettant d'évoluer et de nous adapter au mieux.
Bien sûr il y a votre conviction, vos anticipations et vos décisions qui en dépendent et il ne s'agit pas d'y renoncer mais dans la période actuelle il convient de comprendre qu'avant de bâtir vos décisions, les marchés financiers sont à la recherche d'un scénario.

Ils achètent l'entreprise X pour un résultat net ou bénéfice de Y et si celui-ci n'est pas au rendez vous, font plonger l'action.
Actuellement, les marchés ne savent pas trop quel scénario acheter. Je dirais même plus : ils ont d'ailleurs un peu de mal à voir quels sont les scénarios tellement celui qui était joué jusque là (ralentissement mesuré et maîtrisé comme l'inflation) leur a soudainement échappé des mains. Je force un peu le trait mais il y avait un scénario central...hop...il n'y en a plus.
Pire...quand le président de la Banque Centrale américaine (ou Fed) vend au marché un scénario (globalement 'tout est en main') son prédécesseur n'arrête pas de parler de récession. Certains n'ont d'ailleurs pas le temps de penser et comptabilisent juste leurs pertes.
Ils y a des gagnants bien sûr qui ont misé à bon escient sur la baisse ou sur quelques titres ciblés mais globalement l'ensemble du monde financier a vu partir en fumée des centaines de milliards de $ évaporés dans les cotations en baisse. Globalement on trouve peu de personnes dont la période ait été vécue comme bénéfique et d'une catégorie et d'une taille assez importante pour ne pas tomber dans des cas particuliers à l'échelle de tout ceci. Sauf..sauf...ceux qui s'exprimaient sur les risques et qui aujourd'hui s'expriment pour rassurer...et inversement. Bernanke (président actuel) très rassurant au début est aujourd'hui inquiet pour les 2 grosses entités qui font le marché des crédits hypothécaires (Freddie Mac et FAnnie Mae) alors que Greenspan (son prédécesseur) n'arrête pas de relativiser ses propos depuis.

Mais voilà comme nous l'avons déjà vu la Fed est un peu dans une impasse...en baissant les taux pour aider l'économie et soulager tous les agents économiques endettés elle risque de voir l'attractivité du dollar baisser (placer en dollar alors que celui rapporterait moins risque de l'affaiblir) à l'inverse augmenter les taux pour attirer les capitaux nécessaires au comblement des déficits risquerait d'asphyxier encore les personnes aux prises avec les crédits immobiliers freinant par ailleurs tout investisseur souhaitant emprunter et toute l'économie.
En jouant de la sorte, en soufflant le chaud et le froid dans un duo, la FEd disposait d'une porte de sortie pour ne rien faire et faire payer le prix au marché sans avoir à être la responsable soit de la baisse du dollar ou du ralentissement complémentaire et d'alourdir le poids des dettes, le tout, en maîtrisant la manoeuvre par la parole et les communiqués ni infléchir son discours officiel. Elle serait à ce stade donc la seule bénéficiaire du mouvement et l'aurait piloté mais...

Ce qu'il y a de bien avec l'économie, la finance et la bourse c'est que toute cette haute stratégie qu'elle soit réelle ou supposée comme je le suggère par déductions ne peut résister au terrain. Que les taux soient à 5,25 ou 4,75 , cela fait il une différence pour ceux qui n'arrivent de toutes façons plus à rembourser ? Il n'y a point de gagnant dans un marché de mauvaises dettes ou contractées trop facilement... et tout le monde se met alors à parler de la même manière au café du commerce ou dans un salon feutré. D'ailleurs, non seulement les dépêches en cette fin de semaine parlent de plus en plus des problèmes immobiliers mais une Interview d'une des membres de la Fed (source : reuters / hier soir) nous apprend d'ailleurs que la Fed scrutait le risque des crédits immobiliers depuis des mois et (je cite la personne interviewée) "Ce qui se passe concerne la vague des prêts attractifs au départ qui arrive à taux plein. Donc ce que nous voyons dans cet étroit segment (sub prime loans - prêts à surprime pour dossiers de crédit moyen à très moyen) est le début de la vague. Ceci n'est pas la fin, c'est le début." Le journaliste continue " Les problèmes au sein du marché des subprime a été un des catalyseurs qui a engendré des dégagements sur les 'carry-trade"(fin de citation) Il ne me semble pas avoir lu ce genre de choses aussi clairement en tout début de baisse. Et vous ?

Le risque crédit qui se dégrade fait naître la surprise puis la peur pouvant amener des décisions à l'autre bout du monde et dans des endroits et sous des formes diverses. Quand ? Je ne sais pas, un autre domino, d'autres dominos ?

Publié dans ACTUALITES BOURSE

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