Bourse : l'emploi américain bride la progression
Le grand rendez vous de l'emploi américain a débouché sur une déception. 39 000 postes ont été créés en novembre, un chiffre représentant seulement 22 % du chiffre d'octobre, nettement sous les attentes du consensus. Le taux de chômage progresse de 0,2 % à 9,8 %, les créations d'emplois n'étant pas suffisantes pour absorber l'augmentation de la population active à hauteur de 103 000 personnes.
Seul le secteur des services a créé des emplois (65 000) mais le secteur financier recommence à perdre quelques postes (-9 000). Plus frappant, le commerce de détail perd 28 000 postes contre des créations de 4 700 postes pour le commerce de gros. A l'exception des concessions automobiles, tous les sous-secteurs du commerce de détail (de l'habillement, à l'alimentation en passant par les grands magasins et le matériel de jardinage etc) sont dans le rouge sur le mois. Ces pertes d'emplois correspondent au double des pertes subies par l'ensemble de la construction et de l'industrie réunies.
Le gros des créations se situe dans les emplois temporaires ( + 39 500), la santé ( + 23 100), dans le transport mais quasi exclusivement grâce au sous-secteur du courrier et de la messagerie (+11 600), dans le secteur des loisirs mais là aussi quasi exclusivement grâce à un seul sous-secteur, la restauration (+ 11 700)
Plus engageant, l'indice ISM d'activité du secteur des services a poursuivi son accélération à la hausse, régulière depuis le mois d'août, avec une publication qui ressort à 55 en novembre contre 54,5 attendu et après 54,3 en octobre.
Cette publication affecte généralement beaucoup moins les cours de bourse que l'indice ISM du secteur manufacturier dévoilé mercredi, ce dernier étant beaucoup plus cyclique et directement lié à la conjoncture alors que le secteur des services, tout en étant prédominant au sein de l'économie offre une inertie trop importante pour juger des inflexions de l'économie au plus près.
√ Cette publication est passée à l'arrière-plan du taux de chômage américain et du soulagement à propos de l'Espagne, la bourse de Madrid repassant à la hausse le cap symbolique des 10 000 points, mais elle boucle une série de données macro-économiques depuis le milieu de semaine qui permettent de faire un point sur l'évolution actuelle de la croissance mondiale qui présente plusieurs aspects en progression.
Au plan mondial, la croissance de la composante de l'emploi des secteurs industriels et des services cumulés, accélère nettement sa progression à 52,1 en novembre contre 50,9 en octobre, soit son 9ème mois de progression et son rythme de progression le plus important depuis décembre 2007.
Les indicateurs avancés mondiaux globaux ou dit 'composite' (Industrie + services) sont bien inférieurs au plus haut de 3 ans atteint en avril dernier mais ils restent relativement stables et présentent une accélération au niveau des nouvelles commandes qui gagnent 1 point à 54,6 en novembre.
De tels chiffres correspondent à une croissance mondiale qui est sur un rythme de progression de 2,5 à 3 % actuellement, inférieure à celle observée en début d'année mais avec une probabilité d'être un peu plus soutenable compte tenu du cran passé sur la composante de l'emploi.
En ce qui concerne l'Euroland, le constat est le même avec un PMI Composite ci-dessous qui reprend de l'altitude à 55,5 après 53,8 en octobre mais avec un rythme de croissance plus faible du PIB (GDP). Dans le détail, l'Allemagne fait un bond de 56 à 59 grâce à une très forte croissance du secteur des services, une nouvelle preuve de la dynamisation de son marché intérieur, suivie d'un assez net redressement en Italie. Le profil de la croissance européenne se trouve donc un peu renforcé et élargi aux 3 grandes économies de la zone euro en ce mois de novembre.
A l'issue d'une semaine centrée sur l'Espagne, ces indicateurs montrent néanmoins que le répit de ces derniers jours en bourse ne saurait faire oublier la sous-performance espagnole chronique dont la structure économique actuelle ne permet pratiquement pas de bénéficier du regain de croissance mondiale depuis octobre.