Finance - Fitch égratigne le Royaume-Uni mais le mal est profond
Après un séminaire gouvernemental de 2 jours en Allemagne qui a débouché hier sur un tour de vis historique des dépenses de l'Etat à hauteur de 80 milliards € d'ici 2014 et les craintes de grève générale en Espagne, l'attention s'est portée aujourd'hui sur le Royaume-Uni suite à la parution d'un rapport spécial de l'agence de notation internationale Fitch concernant le défi considérable auquel sont confrontés les anglais en terme de réduction de leur déficit budgétaire.
L'impact est relativement limité pour l'heure sur les marchés même si la livre qui avait bénéficié de l'affaiblissement de l'euro ces derniers temps a subi l'impact le plus fort. Sur le plan technique, il y a assez peu d'intérêt à détailler la situation budgétaire britannique qui se retrouve un peu partout à des degrés divers parmi la plupart des pays occidentaux. Un cap est cependant franchi dans le cas anglais, non de manière spectaculaire comme au Japon avec la démission du gouvernement semaine dernière 9 mois à peine après sa formation ou de manière historique comme les annonces faites par Angela Merkel hier en terme d'économies. Le nouveau Premier Ministre anglais a promis des "années de souffrance" et même des décennies. Voilà qui va au-delà des finances publiques et qui ramène précisément les choses sur le problème de fond, à savoir l'endettement pris dans sa globalité. A cet égard, le cas anglais est particulièrement édifiant.
Toutes composantes confondues (endettement gouvernemental + celui des enteprises non financières + celui des ménages -households- et des institutions financières), le Royaume-Uni est le pays occidental qui présente l'endettement le plus fort, devant le Japon.
Il est également celui qui a vu la croissance de l'endettement privé des ménages progresser le plus ces 20 dernières années et plus encore, selon l'illustration ci-dessous, la dette du secteur financier est à un sommet, à 2 fois le PIB.
Grâce à une 'croissance achetée à crédit' pendant des années, le Royaume-Uni est entré dans la crise avec un endettement public sous la moyenne européenne. Mais comme le poids des dettes privées reprises par la sphère publique est considérable, l'Etat est l'un de ceux dont l'endettement et le déficit croissent le plus rapidement alors que la masse qui reste à purger est encore gigantesque. Fitch vient de dire que la porte de sortie qu'est le buget de l'Etat est tout simplement trop étroite pour laisser s'écouler en son sein cet endettement privé généralisé sans venir affecter la notation à terme.
Le CAC 40 perd 0,98 % sur la séance. A très court terme, le gap est comblé et joue son rôle de support avec un retour des acheteurs sur ce seuil. La configuration reste identique aux énoncés précédents avec une zone support critique précisée sur le 2nd graphe pour les prochaines heures.