Marchés du crédit : entre nouveaux problèmes et recherche de nouvelles bases
Nouveau début de séance difficile ce matin suite aux rumeurs hier au sujet de la grande banque suisse UBS à propos de nouvelles dépréciations mais aussi concernant des pertes sur placements réalisés pour ses clients.
→ rebondissements dans la crise sur les marchés du crédit :
Ces placements ont été réalisés dans le cadre de titres basés sur des produits de taux fixés via enchères (auction rate securities), principe déjà évoqué concernant le segment des obligations municipales américaines qui se fixent par ce biais et d'un montant total de 330 milliards $ qui avait fait l'objet de difficultés de cotations il y a quelques semaines en arrière à cause des réhausseurs de crédit (" monoliners").
Ces titres jugés très liquides et sûrs depuis les années 80, pratiquement au niveau du "cash", sont cotés entre 1 à plusieurs fois par mois et lorsqu'une contrepartie n'est pas présente (transaction donc impossible), de grandes banques viennent les racheter d'où une sécurité et une liquidité importante. Les banques ne sont cependant pas obligées de le faire à tout prix, elle ont simplement dans leur giron l'animation du marché dit secondaire (par opposition au marché primaire qui correspond à la naissance du titre) d'où un taux plus intéressant qui est servi à la personne qui souscrit au placement et qui in fine sert aux financements entres autres d'écoles, d'organismes publics etc.
Une fois ces titres émis si une enchère ne peut se réaliser, c'est le taux contractuel maximum qui est appliqué soit des pourcentages qui peuvent monter à 20 %.
Pour mémoire : le 13 février, les réhausseurs de crédit qui risquaient de perdre leur notations de crédit de rang suprême "AAA" avait engendré l'impossibilité de réaliser 80 % des enchères et la crise largement évoquée alors, les banques ne souhaitant pas soucrire à un moment de peur et de panique
Le 20 février 2008, 62% échouaient (395 sur 641 enchères). Depuis 1984 jusqu'à la fin 2007, sauf erreur ou omission et selon nos informations, il n'y avait eu que 44 échecs renvoyant vers les taux maximum.
Donc, en bout de course, là où certains n'ont pu trouver des financements ou ont vu leurs taux s'envoler de façon dramatique au sein des USA (l'exemple le plus connu concerne le port de New York mais cela concerne des domaines très divers dans l'activité économique et sociale avec ce jour l'information de l'augmentation drastique des coûts de financements des nouveaux stades de NFL - football américain - de Dallas et du New Jersey ) se trouvent également des encours au sein des banques mais aussi dans dans les portefeuilles des particuliers. UBS est la première a annoncé cela, d'autres pourraient suivre. Elle détient pour son comptre propre 5,9 milliards $ de ces titres mais n'a pas informé des pertes qu'elle pourrait subir alors que ses clients seront informés de pertes allant de quelques pourcents à 20 %.
√ à consulter, l'édito de G.Morgensen du NYTimes : "Si vous ne pouvez vendre, bonne chance"
A l'inverse, l'information de la mise en place d'une vaste refonte de la réglementation financière annoncée par le Secrétaire au Trésor H.Paulson semble avoir conforté les volontés de rebond des bourses. Celui-ci a mis en avant un accroissement notable et historique du rôle de la Banque Centrale (Fed) Les grandes lignes évoquées sont à l'étude depuis 1 an et nécessitent de passer encore de nombreuses validations et confirmations. Nous les évoquerons à ce moment.
• A retenir cependant : l'architecture des différents organismes de tutelle ou autorités de régulation bancaires et financières datent de la Grande Dépression. Les questions principales sont : refonte ou refondation ? ...les principales critiques tournant autour des délais de mises en place et d'une réforme qui ne servira que pour la crise suivante, les crédits posant problèmes étant d'ores et déjà dans la nature.
Cette "news du soir" rompt un peu avec le fonctionnement habituel dans son énoncé mais alors que la synthèse d'une journée passe par les statistiques ou les résultats de sociétés le plus souvent ou la restitution d'une atmosphère psychologique il nous est apparu en point central de ce début de semaine avant la série habituelle des chiffres importants qui seront dévoilés ces prochains jours de mettre en lumière:
- l'impact concret de cette crise au coeur même de l'économie et de la société tout entière
- de la perte de confiance globale qui en résulte et touche désormais non seulement les personnes débitrices mais également "les créditrices", soit les épargnants au-delà des titres cotés en direct et de la chute des indices.
- d'une difficulté d'appréciation globale pour des investisseurs habitués à une structure de marché et des organes de tutelle qui vont faire l'objet de spéculations compte tenu de la réforme historique en cours.
Pour autant le rebond attentiste représente la tonalité d'ensemble du jour avec une hausse de + 0,24 % à Paris et une légère progression du Dow Jones à + 0,38 %. Plébiscité au printemps 2007 lors de la vague d'OPA, le fonds Blackstone (graphe 1), symbole des rachat de sociétés et de l'entrée au sein du capitalisme occidental des fonds d'Etat des pays émergents, en l'occurence la Chine, aura connu depuis son introduction une désaffection importante. Depuis le 17 mars, là aussi un rebond semble avoir été enclenché.