Le Japon renoue avec les interventions sur le marché des changes
Le marché est resté peu sensible aujourd'hui à l'effritement de l'indice d'activité manufacturière de la région de New York (4,1 contre 7,1 en août) et au ralentissement de la croissance de la production industrielle US en août à seulement +0,2 % contre 0,6 % le mois précédent.
En revanche le Japon a décidé par l'entremise de sa banque centrale, la Banque du Japon, qui a acheté des dollars, de mettre un terme à l'appréciation du yen qui pénalise les exportations japonaises en Europe et aux USA et 'importe' la déflation via une réduction des coûts des matières importées.
Effet surprise ?
Les motivations sont connues et ne sont pas propres au pays. La Suisse confrontée aux mêmes difficultés (pays exportateur où l'inflation est très basse comme les taux longs) a ces derniers mois procédé de la même manière pour endiguer le surenchérissement de sa devise contre l'euro.
Le schéma est assez classique, s'accompagne ensuite de déclarations verbales, de communiqués et de tentatives de communiqués communs avec d'autres pays le cas échéant pour faire pression sur le marché des changes.
Comme pour la Suisse (et comme pour tout pays confronté à une telle situation), la défense de niveaux clefs sur des supports sans être explicitement cités peut précipiter la décision.
Non seulement la paire dollar-yen se situe sur des plus bas de 15 ans mais elle est aussi arrivée sur un support particulièrement dangereux qui pourrait donner lieu à une chute du dollar contre la devise nippone. C'est le niveau qu'entend défendre la Banque du Japon. La 1ère salve a permis une appréciation de 3 % du dollar (le zoom dans l'encadré blanc ci-dessous est exprimé en %)
Une 3ème ère d'interventions du Japon s'ouvre
Le Japon n'est plus intervenu sur le marché des changes depuis ses interventions durant 15 mois en 2003 et sur le 1er trimestre 2004. On distingue 2 grandes périodes :
- de 1999 à 2004 : achat de dollars et vente de yens comme aujourd'hui
- antérieurement de 1992 à 1998 le Japon réalisait l'inverse.
La Chine en adversaire
La partie est cependant un peu plus compliquée actuellement car aux motivations citées plus haut et aux opérations de carry-trade s'ajoute la volonté de la Chine de diversifier ses réserves de changes évaluées à plus de 2500 milliards $.
Les achats de yen par la Chine sont au plus haut depuis 2005 dans un rapport déjà à près de 7 fois le montant d'actifs japonais acheté alors sur toute l'année (Le Won, monnaie sud-coréenne subit les mêmes assauts liés à la diversification des réserves de changes chinoises)