Veillées d'armes sur les marchés financiers
Malgré une légère embellie des permis de construire en hausse de 8,7 % en mai accompagnée d'une progression des mises en chantier de 3,5 % après – 8,8 % en avril, les indicateurs avancés d'activité industrielle pour ce mois de juin se succèdent et délivrent toujours le même message. Après le plongeon hier de l'indice d'activité dans la région de New York, l'indicateur d'activité manufacturière de la région de Philadelphie (Philly Fed- ci-dessous) s'enfonce également en zone négative à -7,7 après 3,9 en mai et contre 7 attendu en moyenne.
Si le constat est donc toujours identique sur le front de la croissance, le dossier grec entre dans une nouvelle phase.
Outre la nouvelle envolée du spread entre les taux allemands et grecs à 10 ans (courbe ci-dessus), c'est à dire la prime dont l’État grec devrait s'acquitter par rapport à un emprunt réalisé par l'Allemagne en cas d'appel au marché, qui atteint près de 15 %, le différentiel entre les taux allemands et espagnols revient au plus haut depuis le 1er janvier.
Le risque d'extension devient palpable au-dessus de 5,50-5,60 % pour l’État espagnol. La contagion atteint par ailleurs les banques du pays dont les améliorations constatées dans leurs demandes de financements auprès de la BCE commencent à s'inverser. D'autre part, les spreads des compagnies privées non financières issues de pays où l’État est en proie à des difficultés financières, notamment au Portugal, commencent à s'élever également.
Au-delà du dossier grec et de la question des finances purement publiques ou des résurgences de ces difficultés sur les banques qui détiennent des obligations de ces États, une problématique récurrente depuis de longs mois, les germes d'éventuelles difficultés pour les différents agents économiques de ces pays à pouvoir accéder au marché et aux financements à des conditions satisfaisantes commencent ainsi à poindre à l'horizon.
A la base du risque le plus exacerbé, l'impasse financière étant imminente pour la Grèce, les opérateurs connaissent une triple veillée d'armes :
- vis à vis du risque politique et de la capacité à mener les réformes, compte tenu du report à demain du remaniement gouvernemental grec.
- Vis à vis du soutien de L'UE et du FMI, à suivre dimanche lors d'une réunion des ministres des Finances à Luxembourg,
- et enfin, de manière générale, dans l'attente du sommet européen des 23 et 24 juin.
Dans ce contexte incertain où la peur s'est élevée d'un nouveau cran aujourd'hui, sans que toutefois l'indice VIX ne déborde de nouveaux seuils, la configuration reste périlleuse sur le CAC 40 malgré une perte journalière limitée à 0,38 % à la clôture et un comblement assez important en séance du gap baissier de ce matin.
Malgré l'apparition de quelques forces acheteuses, la pression reste fortement en faveur des vendeurs sous le gap laissé ouvert entre 3800,32 et 3795,48 points. Le risque de rechute est important tant que ce seuil de résistance n'est pas repris.