Bourse et poker, la différence? Le carnet d'ordres, là où tout s'éclaire...
La compréhension du monde de la bourse fait appel, de manière générale, dans votre apprentissage à beaucoup de comparaisons, soit que vous les formuliez vous-même par analogie, soit que vous y soyez confrontés lors de vos formations, au cours de discussions ou encore au travers de lectures diverses.
C'est un processus très naturel que vous ressentirez vous-même afin de mieux assimiler toute notion nouvellement apprise ou bien auquel vos formateurs ou vos interlocuteurs privés et professionnels croisés tout au long de votre parcours d'initiation auront assez souvent recours pour vous faire progresser au mieux.
Cependant, "comparaison n'est pas raison".
Une comparaison n'établit pas une preuve et elle recèle des limites. Voilà ce que dit en fait ce proverbe.
Et l'un des principaux biais, même si l'intention est louable - très humaine d'ailleurs et partant d'une bonne intention le plus souvent - est que ceci nous place en réalité face à une recherche schématique de différences ou de ressemblances qui nous fait entrer inconsciemment dans un système ou un jeu, voire même un ballet où s'articulent de simples différences de représentations. On est entrain de quitter par là même sans s'en rendre compte le sujet alors que l'on croît pouvoir mieux l'appréhender.
Le monde de la finance génère une émotion forte, par la recherche de l'argent et surtout lorsque le désir d'obtention d'un gain rapide s'active. C'est un lieu particulièrement sensible. Il le devient encore plus lorsque l'on compare la bourse au poker et les différentes stratégies que l'on peut utiliser dans l'un et dans l'autre pour parvenir à maximiser ses profits personnels. A tout cela, même les plus aguerris y sont aussi soumis.
Commençons tout de suite par nous confronter à ce biais en regardant ci-dessous des cours de bourse, sans même débuter un comparatif avec le poker.

Vous avez vu ? 1 cours de bourse et 3 représentations. Il s'agit pourtant du même indice, des mêmes cours. Nous sommes soumis à la façon dont nous représentons une seule et même chose invariable et figée à jamais. Nous pourrions en sortir plus d'une dizaine en chandeliers japonais, en kagi, en renko etc... 1 seul cours de bourse et pourtant 10 représentations possibles.
Simple ? Evident ? Non pas vraiment car, en même temps, sans cette prise de conscience, comment ne pas reprendre contact avec ce qui conditionne les cours, c'est à dire le carnet d'ordres, ce recueil où figurent les ordres à l'achat et les ordres à la vente dans ce moment crucial, c'est à dire juste avant l'instant où le cours se forme.
C'est la différence fondamentale avec le poker. En bourse, il existe une forte visibilité sur les forces en présence alors qu'au poker, vous ne pouvez pas apercevoir le jeu des autres. Il en découle une conséquence essentielle, vous devez alors développer encore plus vos capacités stratégiques.
Visionnons donc ensemble ce qu'il est possible de voir en bourse. Voici ci-dessous le carnet d'ordres, là où l'on voit le jeu (une partie du jeu):

Ici, nous avons une vision très complète dans la colonne d'achat de tous les ordres et dans la colonne de droite ceux à la vente. L'encart en bas à droite concerne le cours et le nombre de titres avec l'heure à laquelle ils ont été répondus. Vous pouvez répondre en permanence aux jeux des autres - le marché - contrairement au poker et en déduire des stratégies sur les différences de cours qui pourraient apparaître, que vous allez pouvoir faire apparaître, que vous allez vous même former. Vous n'êtes plus totalement 'en aveugle'.
C'est un outil qui permet de voir la profondeur du marché, sa liquidité. Dans le cas présent sur Bouygues, la profondeur est tellement importante que vous pouvez voir les différentes places de cotations (EU pour Euronext Bourse de Paris, TQ pour Turquoise etc..) En quelque sorte, vous pouvez voir sur toutes les tables, même très loin. Il s'agit de l'armature du marché. Vous plongez là à l'exact endroit à partir duquel tout se forme, c'est à dire les prix et les volumes. Ce sont les 2 matières premières qui apparaissent ensuite sur les graphiques et autour desquels se construisent d'infinis indicateurs d'aide à la décision.
Voilà ce que n'a pas un joueur de poker. Voilà ce dont dispose un trader suivant différents niveaux d'accès à la profondeur du marché. Passons enfin à un 3ème stade:

Avec la lecture du carnet d'ordres, le niveau d'information du trader court terme s'élève. Ci-dessus, il apparaît donc désormais directement sur le graphique pour permettre de se positionner avec les volumes à l'achat en orange et à la vente en bleu en fonction des différents niveaux de prix.
Il en découle en termes de psychologie, en termes de mental et de gestion de ses émotions des conséquences et des possibilités distinctes. Même au sein du monde de la finance et de la bourse, cela implique de grandes différences.
L'analyse graphique se fonde sur le fait que toute l'information est dans les cours. Elle s'appuie sur "l'effet mémoire", la mémoire qu'ont les opérateurs des anciens cours. La lecture du carnet d'ordres qui est une technique de trading relativement peu développée en langue française ('tape reading' en anglais, associé au "scalping" - gagner très petit très souvent) est une manière de s'en extirper car on anticipe avant et on peut générer en conscience le cours suivant. L'effet mémoire se dissipe.
Le travail sur graphique, c'est à dire à partir de "cours formés" et la lecture du carnet d'ordres (sur "cours à former" en quelque sorte) impliquent donc une gestion psychologique différenciée. Nos ressorts émotionnels ne sont déjà plus les mêmes.
> Pour aller plus loin, voici d'autres articles sur le même sujet :