Rentrée tendue pour la planète finance
Après le revers d'hier du Dow Jones, le CAC 40 lâche - 2,03 % à 4 447,13 points au côté de Londres à - 2,15 % et d'Amsterdam à - 2,02 %. Francfort limite les dégâts pour clore à 6 467,49 points en baisse de - 0,78 %. La faiblesse constatée à Wall Street à nouveau aujourd'hui malgré un indicateur assez performant n'a pas permis de stabiliser les choses, le marché étant pris entre de multiples feux que nous allons détailler ci-après :
D'un point de vue technique et en préambule, l'arrivée du CAC 40 sur les 4 550 comme pour le Dow Jones avec les 11750/11800 points constitue une zone de résistance assez forte.
Statistiques européennes toujours dégradées :
- les ventes au détail au sein de l'Euroland ont baissé de - 0,4 % en juillet contre une stabilité attendue et celle de juin ont été révisées négativement à - 0,9 % contre - 0,6 % initialement. La baisse annuelle s'établit donc à - 2,8 % assez nettement en-deça des attentes.
- L'activité du secteur des services de l'Euroland s'est à nouveau contractée en août à 48,5 après 48,3 en juillet. Seule l'Allemagne progresse à 51,4. L'indice PMI composite (activité du secteur manufacturier + services) s'établit à 48,2 après 47,8 en juillet.
- le PIB pour le 2nd trimestre a été confirmé à - 0,2 % contre - 0,6 % au Japon et + 0,8 % aux USA (les 3,3 % annoncés étant un chiffre annualisé) mais la progression sur un an a été revue de + 1,5 à + 1,4 %.
Un marché des changes instable :
Compte tenu de ces éléments, l'euro a connu une nouvelle faiblesse à 1,4382 $ avant de se reprendre et se stabiliser aux alentours de 1,45 $.
Demain, la BCE fera part de sa décision concernant sa politique monétaire. Même si un maintien des taux à 4,25 % est très largement anticipé, les dernières nouvelles économiques concernant l'Euroland ont libéré des anticipations de baisse prochaine de ceux-ci compte tenu de la dégradation constatée sur le front économique et ce, d'autant plus largement, que les matières premières sont en repli offrant donc une marge de manoeuvre théorique plus large puisque l'inflation commence par ce biais à se calmer.
Les opérateurs sont donc dans l'attente du discours de J-C Trichet, Président de la BCE, pour tenter de discerner son orientation pour les mois à venir en fonction de son analyse plutôt centrée sur la faiblesse de la croissance ou au contraire sur les risques d'inflation.
La perspective d'une baisse de taux affaiblirait l'euro dans son attractivité vis à vis du dollar alors qu'une position stable renforcerait au contraire sa force relative.
Matières premières et dollar :
La position des marchés sur le pétrole est par ailleurs de plus en plus sujette au doute (et aux contre-pieds intempestifs) car si la baisse de l'or noir jusqu'ici libérait du pouvoir d'achat pour les ménages et améliorait les marges des sociétés en dépendant, la baisse complémentaire de ces derniers jours laisse perplexe et ouvre surtout sur la faiblesse de la demande qui est devenue générale.
Bénéficiant du repli des matières premières et de l'inflation qui lui est liée, le dollar se reprend tout autant qu'il bénéficie d'un différentiel de croissance favorable pour l'heure, les USA offrant une croissance faible de l'activité mais supérieure à nombres d'autres grandes zones économiques. Par ailleurs, en période de ralentissement général, le dollar US semble retrouver son caractère de 'refuge' pour nombres d'investisseurs positionnés dans des monnaies secondaires, mineures ou 'exotiques'.
→ Bref, le menu de rentrée est assez chargé d'autant que sont attendus les chiffres de l'activité des services demain aux Etats-Unis et surtout les créations d'emploi après-demain. Tout ceci est susceptible de donner lieu à des réorientations globales par les grands gestionnaires de fonds et chacun est aux aguêts car toutes les grandes variables sont touchées de près ou de loin (devises, matières premières, taux, données macro-économiques...) et sont arrivées sur des supports 'importants à majeurs'.
Comme le plus souvent, ce sont les USA qui vont donné le 'la'. Maintenant que le ralentissement est acté au plan mondial, on va scruter la résistance américaine pour voir si elle va impulser l'éventuel rebond global ou faire retomber tout l'ensemble plus bas.
Pour l'heure, les commandes à l'industrie sont ressorties pour juillet à nouveau avec une certaine vigueur à + 1,3 % sur un mois contre + 1 % attendu et le chiffre de juin a été révisé positivement de + 1,7 à + 2,1 %.
Le tableau ci-dessus qui reprend les commandes hors défense confirme la progression après le gros trou d'air observé en début d'année. La progression annuelle dépasse les 5 % tandis que lors de la récession de 2001, cet élément évoluait en baisse de - 10 % à ce stade. C'est une des différences majeures de la crise actuelle d'un point de vue historique comme nous l'avons déjà vu ensemble.
Le rapport de la Fed paru à 20 heures sur l'état de l'Economie confirme ce diagnostic d'éléments dégradés comme l'immobilier et ceux résistants comme celui-ci ou comme les exportations, le tout étant jugé par l'institution comme donnant lieu à une croissance 'lente' ou 'molle' ou entre 2 eaux (ce dernier qualificatif résulte de notre expression) à l'image de l'indicateur vu hier.
Du blé (ci-contre) entrain "d'attaquer" un support important comme vu dans Vive secousse sur les matières premières en passant par le cuivre (cf. Docteur Copper a t-il de la fièvre ? - Partie 1 ) jusqu'à l'euro / dollar ou encore l'or, etc... un grand nombre de supports sont en jeu, principalement sur les matières premières, avec des conséquences potentielles globales que chacun a dans le viseur pour les prochaines séances en complément de tous les éléments vus plus haut.
Les choses bougent globalement et sans aller jusqu'à parler de 'tectonique des plaques' ou de 'mouvements sismiques', les opérateurs restent très vigilants sur les éventuels glissements de terrain en germe.
On restera très attentif et sans a priori sur ces évolutions qui ont une probabilité élevée de dessiner les contours essentiels pour les semaines et mois à venir et de déclencher de nouveaux enchaînements. Il y a parfois un élément précis qui guide les marchés (1 banque, 1 statistique...), d'autres fois où c'est une atmosphère qui s'impose ou un 'thème', ici nous avons tout le panorama indécis sur des niveaux à ne pas négliger et en recherche d'un nouvel équilibre.
Indécis, dans l'attente, le Dow Jones termine quasi inchangé un peu au-dessus des 11 500 points.