L'automobile US en sursis
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Si le CAC 40 termine sur un score à l'équilibre de + 0,38 % pour l'ensemble de la semaine, l'indice français a réédité aujourd'hui, en modèle réduit, la séance de vendredi avec un décrochage en début de matinée et une impulsion haussière grâce à l'annonce par le gouvernement américain de l'octroi d'une bouée de sauvetage de 9,4 milliards $ pour GM et de 4 Mds $ pour Chrysler. Ce dernier constructeur automobile ferme ce soir pour un mois l'ensemble de ses 30 usines en Amérique du Nord pour écouler les stocks d'invendus.
Devant la gravité de la situation, décision a donc été prise à titre exceptionnel de prendre ces fonds sur l'enveloppe du plan Paulson initialement dévolue aux banques et accordée par le Congrès pour une première tranche de 50 % de l'enveloppe totale de 700 Mds $. Dans le cas où la seconde tranche devait être votée par le Congrès, GM bénéficierait d'une aide sous forme complémentaire de 4 Mds $. L'opération pilotée par le Trésor US est assortie de conditions de restructurations très importantes (dont la conversion d'une grande partie de l'endettement en capital)
Le CAC 40 termine en baisse de - 0,26 % à 3 225,90 points alors que le Dow Jones cède - 0,30 % à 8 579,11 points avec GM qui flambe de + 22,68 % grâce à cette aide qui lui évite l'abîme.
BNP Paribas continue à céder du terrain, en queue de peloton du jour à nouveau à 30,37 € (- 7,97 %) dans un contexte de plus en plus aléatoire pour le rachat de Fortis dont le dossier est entré dans une phase politique houleuse de grande dimension. Le Ministre de la Justice belge accusé d'avoir fait pression sur les juges dans le cadre d'un procès intenté par 2000 actionnaires s'estimant lésés dans le cadre du plan de sauvetage de Fortis et son démembrement notamment en faveur de BNP, a présenté sa démission. Cette démission a été suivie quelques temps plus tard par la totalité du gouvernement belge qui l'a présentée au roi.
Derrière ces évènements très médiatisés par ailleurs, le moral des industriels français au plus bas depuis 1993 en décembre (seule statistique du jour de part et d'autre de l'Atlantique) ou encore le rebond du dollar à 1,3915 contre euro après l'échec sur sa résistance vue hier, l'information du jour pour les opérateurs se situaient sur les marchés du crédit.
En effet, l'Allemagne a fait part de son plan d'émissions d'emprunts pour l'année 2009 avec une grande partie qui sera levée au 2nd trimestre (un test important que nous suivrons) Les montants en question passeront de 213 milliards € pour 2008 à 323 Mds € l'an prochain, le différentiel, pour la quasi totalité, étant en fait destiné au marché monétaire et non au marché obligataire.
A découvrir pour ceux qui veulent aller plus loin :
. le site de la German Finance Agency équivalent Outre-Rhin de l'AFT (Agence France Trésor) qui gère la dette de l'état et du Trésor français.
. le détail des annonces du jour en une page (en anglais / fichier pdf.)
Rappel 1 : le 'primary market' est le marché primaire, c'est à dire celui sur lequel la dette sous forme d'obligation d'état est émise pour la première fois alors que le 'secondary market' ou marché secondaire est celui sur lequel les titres une fois émis, c'est à dire une fois que les fonds ont été transférés des investisseurs à l'état dans le cadre de son emprunt, sont ensuite échangés entre les investisseurs.
Rappel 2 : si l'évocation de temps à autres du DAX ou de la bourse de Francfort dans le news du soir permet de comprendre l'environnement général des marchés actions en Europe, le suivi du marché obligataire allemand est d'autant plus nécessaire qu'il est le plus important en Europe et celui qui fait référence. C'est par ailleurs une signature de tout premier plan au niveau mondial. La compréhension de l'évolution de l'impact de la crise financière, économique et bancaire sur les états en 2009 ne peut s'affranchir de ce suivi de temps à autre surtout en zone euro.
→ Pour mémoire : Zone Euro : entre éclatement et attraction
Ambiance du jour ? Les états sont la dernière pompe active pour alimenter le crédit. Très sollicités, ils commencent à peiner au grand jour de manière très diverse et concrète.