Petits doutes sur l'Allemagne
Les news de ce soir se font un peu sur un autre mode qu'habituellement car l'actu du jour réside en fait non dans une donnée, un fait, une évolution d'un cours mais plus dans un doute alimenté par quelques nouvelles en Allemagne qui laissent ce soir les opérateurs face à quelques étonnements. Indécis, le CAC 40 baisse de -0,65 % et le Dow Jones de -0,31 %. Voyons tout d'abord quelques éléments parus aux USA qui ramènent à des choses connues et ensuite celles qui alimentent le doute.
Les crédits à la consommation aux USA ont baissé de près de 8 milliards de $ soit - 3,7 % en novembre, très largement au-delà des attentes. Il s'agit d'un des plus forts reculs enregistrés jusqu'ici. Restrictions du crédit, moindre demande et volonté de se désendetter de la part des ménages sont à l'origine de cette évolution analysée plus profondément dans Taux d'épargne US : une amélioration en trompe l'oeil (voir graphe 3 particulièrement sur la dette des ménages en contraction)
L'actualité sur les chaînes de grande distribution et de commerces aux USA a donné le biais négatif sur la séance à New York, le flot du crédit se réduisant, les ventes également ne suivent pas dans les magasins. Wal Mart avec des chiffres décevants pour décembre et une révision de ses prévisions de résultats pour le 4 ème trimestre ferme en baisse de - 7,49 %.
√ En Allemagne :
- les exportations ont chuté de -10,6 % en novembre, un record depuis la réunification. L'excèdent commercial tombe à 10,7 milliards € contre 15,8 en octobre. Chacun s'attendait à une réduction compte tenu de l'importance des exportations de la première puissance économique européenne et de sa sensibilité à la conjoncture internationale mais la décrue est significative.
- le 15 décembre, rendez vous avait été pris pour suivre les premières émissions (adjudications) des obligations d'état : une tranche de 6 MDs € à 10 ans en Allemagne n'a trouvé preneur hier que pour 4 Mds € et suscite quelques interrogations, ces difficultés commençant à être récurrentes même si quelques facteurs techniques peuvent venir donner quelques explications. Psychologiquement, ce 'couac' restera dans les mémoires pour l'ensemble de 2009 s'agissant de la première émission de l'année.
Les résultats concernant la France : 3 tranches (échéances 2018,2023,2038) pour un montant total de 6,286 milliards € sous forme d'OAT -Obligations assimilables du Trésor) ont été couvertes à 100 %. Le volume demandé est même à plus du double de celui offert pour celle ayant une maturité 2038. Les volumes demandés par les investisseurs sont cependant en baisse en tendance et restent bien inférieurs à ceux observés sur certaines émissions en fin d'année tout particulièrement pour des échéances très courtes à quelques mois sur lesquelles les investisseurs se sont rués. A suivre avec les montants colossaux de dettes que les états vont lever sur les marchés tout au long de l'année de part et d'autre de l'Atlantique.
- Après des réticences à participer au plan de relance européen Angela Merkel a encore fait évoluer son discours constatant que les états 'accumulent des montagnes de dettes' mais voyant en cela 'la seule possibilité' de contrer la crise.
- enfin, le marché reste surpris quelque peu par la hauteur de l'entrée de l'état allemand dans Commerzbank (qui dégringole de - 13,79 % à 5,25 € sur la séance) La prise de participation s'élève à 25 % + 1 action, équivalent à un montant de 10 milliards € et à une nationalisation partielle pure et simple, sans précédent dans le pays.
Première également, un emprunt obligataire de 1 MD € sur 3 ans a été initié avec la garantie de l'état dans le cadre du programme de soutien et de garantie de 500 MD € annoncés plus tôt en 2008. Commerzbank inaugure en quelque sorte la procédure.
Rien d'alarmant, beaucoup voudrait avoir un excédent de la sorte, une note de crédit aussi élevée et le soutien allemand aux banques était 'dans les tuyaux', mais ceux qui "se grattent le front" avec doute sont un peu plus nombreux après cette journée et ces éléments.
** Au Royaume-Uni, la Banque d'Angleterre a abaissé son taux directeur de 2 à 1,5 %, une première depuis sa création en 1694.