Comment le marché voit la dette de la France ?

Publié le par Gilles Caye

507px-France_Flag_Map_svg.pngLa semaine a été assez difficile sur les marchés financiers. Les 2 dernières séances ont montré que la quasi totalité des actifs étaient susceptibles d'être lâchés par le marché et les anticipations d'une poursuite de la baisse de l'euro ou d'un dollar vu comme valeur refuge ont été battues en brèche alors que le dollar et l'euro, les 2 principales devises de réserve de la planète, détenues à une majorité écrasante parmi les réserves de changes des banques centrales de la planète, plongeaient face au yen dans un mouvement qui explique pour une bonne part justement les dégagements tous azimuts quels que soient les supports (des petites actions minières aux plus grosses sociétés cotées en passant par les matières premières), objet de notre article de jeudi soir qui laisse planer une menace pour la suite particulièrement via la parité euro-yen.

 

Le seul mouvement qui se poursuit de manière linéaire et constante à mesure que le niveau de peur s'élève concerne la recherche de qualité en terme de signature et donc la recherche de refuge dans les obligations les mieux notées comme celle de l'état fédéral américain. On pourrait citer d'autres types d'actifs qui ont bien résisté et qui peuvent présenter des avantages en terme de dé-corrélation par rapport aux indices actions par exemple mais en terme de constance dans le mouvement de refuge apparaissent en 1er lieu les obligations US et allemandes, puis les autres obligations notées AAA. Les taux US à 10 sont ainsi descendus à 3,20 % et les taux allemands de même maturité ont chuté à 2,63 %.

 

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→ Qu'en est-il pour la France ?

 

Petit événement, les taux à 10 ans français suivant l'indice OAT TEC10 qui fait référence pour les taux longs en France depuis 1996 viennent de passer sous la barre des 3 % vendredi dernier à 2,93 %.

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Comment lire cette courbe ?

 

1 / Ce profil de taux plongeant dans la panique ne laisse pas de doute sur le rôle que jouent les obligations de l'Etat français en tant que refuge. La précédente chute des taux qui avait eu lieu en 2008 reposait sur ce même principe.

 

2 / Même si  afficher moins de 3 % est un événement, celui-ci reste assez mineur. Il ne s'agit graphiquement que d'un mouvement intermédiaire au sein d'une tendance séculaire à la baisse dans le droit fil de la tendance reprise sur les taux US compte tenu du contexte de désinflation.

 

3 / Toute rupture sous le support aux alentours de 2,50 % signalerait une phase de panique plus marquée mais aussi un risque de voir le pays s'installer en déflation ou de connaître une inflation très faible avec des à-coups déflationnistes.

 

4 / Alternativement, un dégagement à la hausse vers 5 % aurait le même impact que celui que nous avons vu sur les taux grecs ou sur les taux espagnols et signalerait une défiance croissante, les investisseurs exigeant une rémunération en hausse en fonction de l'accroissement du risque, selon un principe très simple qui fait que votre banquier aura tendance à vous accorder un taux d'autant plus bas que votre dossier de crédit immobilier est bon et inversement, par exemple.

C'est ce principe premier qui est à l'oeuvre, le risque inflationniste n'arrive que dans un second temps et nécessitera dans un tel contexte des investigations monétaires bien plus poussées que la seule lecture des taux (Très rapidement, les risques maximum comme ceux que nous visitons depuis 2007 en terme de faillite bancaires ou de potentiels défauts d'Etats ont été très peu présents ces dernières décennies. L'éducation financière a laissé dans beaucoup d'esprits l'équation "taux en hausse = inflation" sur le sujet en l'absence de risque de faillite prononcé. Le cas espagnol qui présente des tensions fortes sur les taux alors que les prix immobiliers baissent et avec une inflation sous-jacente qui vient de passer sous zéro dans un pays où les ministres voient leurs salaires baisser atteste du contraire. Impact de la monétisation, comment se déclenche l'hyperinflation ? etc ... autant d'articles et de dossiers à suivre en temps opportun qui répondront à ce type de problématique compte tenu de banques centrales utilisant des moyens d'intervention non-conventionnels et d'un contexte de faillites qui touchent des entités de plus en plus grosses)

 

Conclusion : dans la hiérarchie des risques globaux, les obligations françaises conservent une place de choix parmi les refuges. Néanmoins, parmi les obligations notées AAA, le marché a tendance à ne plus voir la signature de la France dans le peloton de tête. Il est même entrain de la faire descendre du podium de la zone euro, point que nous aborderons dans la 2ème partie de cet article.

Publié dans INVESTIR EN BOURSE

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<br /> <br /> Paiement de la dette ? Fourches caudines ou tango argentin ? http://lalettredulundi.fr<br /> <br /> <br /> <br />
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